Lycée Europe Robert Schuman

Lycée Polyvalent – Cholet

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IMG_2274.PNG De retour de Hongrie, les 21 élèves de Terminale STMG ont découvert Budapest. Les élèves ont également visité le lycée Samuel BRASSAI de Debrecen, notre nouveau partenaire.

Un voyage pour comprendre un peu les Hongrois à défaut de comprendre le hongrois.

Le 20 mars dernier vingt et un élèves de terminale STMG rentraient d’un voyage de découverte d’une semaine en Hongrie. Parmi eux Dimitrij, jeune hongrois qui, en adoptant le lycée, il y a trois ans est devenu l’inspirateur de ce projet. La qualité des liens entretenus après son départ avec ses professeurs hongrois nous ont permis de vivre des moments émouvants et de poser les bases d’un partenariat avec le lycée Brassai de Debrecen.

Ambiance

Les qualités humaines de Dimitrij, ses capacités de traducteur, ses aptitudes à la négociation mais aussi la justesse légèrement fataliste de ses commentaires sur l’administration hongroise ont transformé, en moments très drôles des épisodes qui auraient pu être franchement pénibles… »Mais Madame, c’est comme ça en Hongrie…ça ne marche pas ».

Qui n’a pas acheté des billets de train pour vingt-trois personnes à la gare de l’ouest de Budapest ou tenté d’obtenir des billets collectifs d’un automate de la société du métro, légèrement customisé par des SDF, n’a pas vraiment pris la mesure du télescopage entre 44 ans de communisme et 28 ans de libéralisme débridé.

La Hongrie que nous avons pu vivre, c’est celle des écrans plats dans tous les coins des wagons, avec affichage multiple de toutes sortes d’informations dont la vitesse du train en direct : 73, 105, 43… et dans le même temps cette sensation un peu « vintage » qu’à tout moment on peut croiser sur le quai une délégation soviétique en visite officielle. La gare de l’ouest, très « impressionniste » ressemble furieusement à la gare Saint Lazare peinte par Claude Monet en 1877. L’originale écrasée sous les bombes soviétiques en 1945 a dû être reconstruite à l’identique comme pratiquement tout le centre ville. On en aurait presque oublié de contempler derrière la vitre les immenses étendues enneigées de la plaine hongroise entre Budapest et Debrecen où la vision d’un paysage marqué par la collectivisation des terres d’un autre temps, était un peu atténuée par la vision des hardes de biches grattant la neige pour manger.

Notre Hongrie vécue, c’est aussi le lycée hongrois de Dimitrij. Il a le même âge que le notre, légèrement défraichi et en même temps disposant du matériel flambant-neuf fourni par les entreprises partenaires. Il est vrai que le système scolaire hongrois, entraperçu, se veut pragmatique depuis la chute du rideau de fer. Les formations en adéquation avec les besoins économiques prioritaires y sont fortement subventionnées et bénéficient de partenariats efficaces avec les entreprises locales souvent sous-traitantes des grands groupes allemands. La Mitteleuropa est de retour !

Le lycée Brassai forme des techniciens pour l’automobile, des programmateurs informatiques, des spécialistes d’électronique, de robotique industrielle et des logisticiens transports. Bref, de quoi produire et exporter. Vous l’aurez compris le lycée Brassai qui jouit d’une excellente réputation, ne se disperse pas. Ses élèves ont à peine le temps de terminer leur formation, en alternance (3 jours de cours, 2 jours de stage en entreprise par semaine) qu’ils sont happés par le monde du travail qu’ils connaissent bien.

Sans doute existe -t-il aussi des établissements plus généralistes où l’ambiance est différente. Leur EMC -Education civique pour ceux qui ont manqué une réforme- consiste pour chaque classe à prendre en charge la préparation d’une partie des manifestations organisées très régulièrement par les établissements lors des fêtes nationales.

Les salaires sont encore modestes en Hongrie -paradis des délocalisations- 400 à 600 euros par mois en moyenne. Nous n’avons pas abordé la question avec nos collègues hongrois.

Les prix ont surpris et déçus nos élèves. Si la nourriture est très bon marché, il n’en va pas de même pour les biens de consommation à l’occidentale – type équipements de sport griffés – les prix sont les mêmes qu’à Cholet. Les regards se tournaient souvent sur le passage de notre joyeuse troupe et pas uniquement pour son côté cosmopolite -dans un pays très magyar-mais parce que nos élèves – disons le – sont sapés très mode. Eh oui, même troué aux genoux un jean de marque reste un jean de marque.

Ouverture

Un voyage de découverte sans culture et sans Histoire c’est comme un match de foot sans but. Même dans le crâne le plus épais peut résonner autre chose que la clameur du stade, surtout sans les écouteurs sur les oreilles.

Voyager ce n’est pas uniquement manger et faire la fête. Quoi que… Manger dans le plus beau Mc-Do du monde ou chez le syrien du coin, tellement sympathique, bon, copieux, équilibré, et « pas cher ! » formule qui plait tant à Madame Erb- notre ministre des contraintes budgétaires- que nous y avons établi une de nos cantines. Chacun a pu trouver le menu de son choix, à chaque fois différent, avec toutes les options dans les limites de 1500 Forints (5 E) fourchette en main.

Nous avons peu mangé hongrois, c’est très carnivore et un peu gras. –Goulasch et paprika sont les maîtres mots. Mais les cuisiniers hongrois en quête de touristes internationaux sont en train -paraît -il- de retravailler tout cela, en restant sur la base des produits nationaux. Nous avons dit plus haut exporter et non importer. Les Hongrois mangent national ! Une visite des immenses halles de Budapest -façon Gustave Eiffel avec tuiles vernissées (les matériaux aussi sont nationaux !) s’imposait-.

Les Hongrois sont en effet hyper- nationalistes. Traumatisés par le traité de Trianon de 1920 qui ampute la Hongrie de 71% de son territoire et de 57% de sa population. Ils ne s’en sont jamais remis !

Depuis, ils cultivent leur Histoire nationale. Tout se décline par rapport à la date magique de 996, arrivée des tribus hongroises dans le bassin des Carpates. Les dômes du Parlement (néo-Westminster) et de la basilique Saint Etienne (néo-renaissance) culminent à 96 m. Le Parlement de Pest et le Bastion des Pêcheurs de Buda sont inaugurés en 1896 comme beaucoup d’autres monuments, places …

Nous avons tenu, contre pluie et neige, l’essentiel de notre programme culturel aussi dense que varié.

« Soft-culture et hard-culture » : celle qui rentre sans que l’on s’en rende compte et l’autre. Tout est dans le dosage.

Si certains élèves n’avaient jamais pris l’avion et fréquenté le Hub de Roissy Charles de Gaulle (6° du monde), d’autres ou les mêmes n’avaient jamais franchi les portes d’un musée et encore moins de plusieurs. Et quels musées ! Nous en avions ciblés deux, fort opportunément gratuits le jour de la fête nationale le 15 mars (320 E d’économie). Nous avons ainsi pu profiter des muséographies particulièrement intéressantes et réussies du Musée national hongrois-grand musée d’Histoire-aux collections remarquables-. Et du Musée de la terreur, ancien quartier général des Croix fléchées fascistes hongroises des années noires, puis de la police politique communiste (AVH : Autorité de protection de l’Etat) des années rouges. Lieu de triste mémoire et de mémoire trouble pour ne pas dire troubles de la mémoire ! Le bâtiment transpire sa fonction jusque dans les caves, point d’orgue de la visite. Parlez -en à ceux qui l’ont visité.

Devant la porte l’ambiance était déjà posée., Un bloc de béton -vestige du mur de Berlin-offert à la fondation qui gère le musée par la ville de Berlin en hommage à la Révolution hongroise de 1956 contre le communisme stalinien. Un émouvant mémorial souterrain place du parlement permet de bien aborder cette page dramatique de l’Histoire de la Hongrie.

Certains élèves, je n’ose pas dire tous, pourraient vous parler de la mémoire sélective de certains Hongrois d’aujourd’hui ainsi que des Autorités (reconduites le 8 avril pour un troisième mandat) qui cultivent la mémoire de l’oppression communiste et estompent celle du fascisme hongrois allié des Nazis.

La guerre des mémoires continue de faire rage dans les musées, dans les rues, sur les places de Budapest et pas uniquement dans l’ancien ghetto juif. Cependant le gouvernement ne fait pas détruire- place de la Liberté- le contre mémorial installé par d’anciennes victimes des Croix fléchées ou leurs familles au pied d’un monument qui présente la Hongrie comme victime des nazis, faisant fi des exactions qui ont coûtées la vie aux trois quart des 720 000 Juifs de Hongrie. La très sensible « installation mémorielle » -Les chaussures au bord du Danube » mise en place en 2006 sur le quai face à Buda par deux artistes s’avère poignante.

Toutes les visites ne furent pas aussi empreintes de gravité. La visite du centre historique de Debrecen- deuxième ville du pays- grande ville universitaire et capitale de la liberté en Hongrie et en Europe centrale depuis le début de la Réforme protestante dont elle devient un foyer calviniste de premier plan. La visite s’est terminée en bataille de boules de neige devant le monument à la gloire de Kossuth Lagos et de la République hongroise de 1848 et à l’ombre du grand temple calviniste. L’humour n’est jamais très loin, en Hongrie. Un des rares monuments à la gloire du communisme ou de l’armée rouge qui ne se soit pas retrouvé dans le cimetière qui leur est réservé dans la banlieue de Budapest trône juste devant l’ambassade « bunkerisée » des EU. Et l’avenue de la « glorieuse armée rouge » de Debrecen est devenue la rue du marché dans le sens « business ».

La pluie accompagnant notre déambulation culturelle à Budapest. Nous avons proposé en dehors de l’achat de parapluies -les élèves étant chroniquement sous équipés- de nous rendre aux thermes. Attraction incontournable de Budapest située sur le plus grand lac d’eau chaude du monde. Nous avons -ceux qui le souhaitaient-pu découvrir cet art de vivre hérité des Romains et des Ottomans, alternant bains chauds et froids dans les eaux légèrement soufrées et très minéralisées, particulièrement adaptées aux petits symptômes ORL. Certains, dont nous tairons les noms, sont restés dans les bains chauds. Nous en sommes sortis avec dix ans de moins.

Expérience

Le dépaysement à 2h de vol de Paris, pour des jeunes choletais qui d’une manière générale n’ont pas eu beaucoup de propositions d’ouverture marquantes dans leur jeune vie. Prendre l’avion sans les parents et avec les copains. Se confronter à une langue difficile en essayant de jouer un peu le jeu même si l’échange reste limité à « yo napot kivanok »-bonjour et « Keûsseûneûme »-merci (ici en phonétique). Pratiquer un peu l’anglais. Jongler avec deux monnaies. Se confronter à un trek initiatique historico-architecturo-culturello etc, heureusement ponctué de petites plages en autonomie dans la grande ville. Les nuits n’ont pas toutes été très reposantes. La dynamique de groupe faisant partie de l’expérience et l’ambiance sonore sans doute proche de celle de New York. L’auberge de jeunesse (Oktogon,4) idéalement placée pour les visites se trouve sur le grand carrefour nord-sud est-ouest.

Un grand merci aux élèves -köszönöm à Dimitrij Christianovitch- et respect à Louison Erb qui a su par ses qualités humaines et opérationnelles faire de ce voyage une belle expérience pédagogique.

Les voyages forment la jeunesse. S’il faut que jeunesse se passe…qu’elle prenne son temps !

Empathie, fluidité, efficacité

Dominique Aumônier (professeur d’Histoire -Géographie qui découvrait la Hongrie pour de vrai)